France, et ce, trois semaines après l'insurrection. Tous les magasins sont fermés; on ne vend et on ne reçoit rien, toutes les dettes sont payées; au moins c’est, ce qui se dit ici. Je ne vois pas qu’il y ait rien à craindre pour la ville, et nous aurons toujours la ressource de la mer, en attendant les secours demandés par nos adresses à toutes les chambres de commerce de France: secours qui doivent être prompts et formidables, si la France veut conserver Saint-Domingue, et s'intéresser encore au malheur de ses habitans. Après vous avoir parlé des maux qui désolent cette triste contrée, je vais parler de ce qui y a donné lieu. Je suis bien éloigne de blâmer le décret du 15 mai dernier, en faveur des gens de couleur libres, je l'approuve et j'en: desire l'exécu- tion; par-là la colonie sera phus forte , plus florissante, mieux assurée àla métropole, et tons les citoyens François en ressentant les offres salutaires. Mais qu il ly a loin de ce point, desiré à celui ou nous sommes! en faisant passer ce décret dans la colonie, il devoir être appuyé pas des forces suffisantes, pour empêcher les colons de la rejeter, et lès gens de couleur libres de lui donner une extension qu’il ne peut ni doit avoir. La France n’en a rien fair; elle s’en est rapportée au patriotisme des uns et à la parole des autres, et en cela elle a manqué de prevoyance. Les colons sont naturellement fiers, pré- somptueux, mal eleves, et, pour trancher le mot, mes despotes, accoutumés à commander à des esclaves ils regardent la pau-près comme tels ceux qui sortent de cette race, et'il faux un siécle pour vaincre, le préjuge. Les gens de couleur libres sentent toutes leurs forces, connoissent leurs droits, vont aussi fiers qu'eux, les haïssent et veulent être leurs égaux. Aussî-tôt que le décret fut connu dans la colonie, les blancs š'assemblèrent dans leurs quartiers respectifs; le résultat de ces assemblees fut la nomination des membres
