Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/54

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Et ses yeux me diront, éloquences muettes,
                Ce que disent à demi-voix
Les amants dont on voit les claires silhouettes
                Blanchir l’obscurité des bois.

Et sans bruit, pour que seul, oh ! seul, je puisse entendre
                L’ineffable vibration,
Jusqu’à moi son baiser descendra, grave et tendre
                Comme une bénédiction.

Et quand elle aura, pure, à ma coupable lèvre
                Donné le baiser baptismal,
Sans doute je pourrai guérir enfin ma fièvre
                Et t’expulser, regret du mal.

Oui, bien qu’autour de moi plane toujours et rôde
                L’épouvante de mon passé,
Que mon lit garde encor ta place toute chaude,
                Ô désir vainement chassé,

Je pourrai, je pourrai, Nixe horrible, Sirène,
                Secouer enfin la langueur
De mes sens et purger, ô femme, la gangrène
                Dont tu m’as saturé le cœur,