Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/20

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Canailles !… Il les hait d’une haine mortelle.

Mais le train est formé, la machine s’attelle ;
Et Marc peut voir de loin, là-bas, faisant le beau,
Parmi les dos courbés et les coups de chapeau,
Monter dans le sleeping un ministre en voyage.
Allons ! On a fini de charger le bagage.
« En voiture ! » Un dernier voyageur en retard
Accourt, tout essoufflé, sur le quai de départ
Où l’électricité met sa froide lumière.

« Ils vont faire dodo, les richards de « première »,
— Songe, avec un mauvais regard, le forcené. ―
Si le rapide était quelque peu tamponné,
Ça les réveillerait, ces messieurs de la « haute » ;
Mais, je t’en moque ! aucun danger que le train saute.
Ils sont bien trop veinards… Pourtant, si l’on voulait ?… »

Mais voici qu’a vibré l’aigre coup de sifflet.
En route ! L’express noir aux ferrailles sonnantes,
Avec de grands fracas sur les plaques tournantes
Et des coups lourds, pareils à ceux d’un balancier,
S’est ému sous l’effort des deux bielles d’acier.
Très lentement d’abord, puis plus vite, plus vite,
Plus vite encore, il court, il va, se précipite,