Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Touchant les cuivres chauds avec tranquillité,
Semble un héros vainqueur sur un monstre dompté.
Mais voici la lueur d’une gare importante ;
Et Marc voit devant lui, sous la lune éclatante,
Tout un réseau confus de rails s’entre-croiser.
Place ! Il n’a qu’à siffler au disque et qu’à passer.
On doit faire partout libre voie au rapide.

Mais tout à coup, il a frémi, Marc l’intrépide !
Son cœur se crispe ; il sent un frisson le saisir ?
Là ! devant lui… Cet œil de feu qu’il voit grossir,
Grossir !… et ce tuyau qui grandit et se montre !…
Tonnerre ! C’est un train qui vient à sa rencontre !…
Le chauffeur, dont les yeux soudain deviennent fous,
Se jette dans le vide en criant : « Sauvons-nous ! »
— Et le choc aura lieu dans quatre ou cinq secondes…

Le hasard t’interroge ; il faut que tu répondes,
Marc Lefort ! Les patrons, les exploiteurs, ― ces gueux ! ―
Voilà l’occasion de sauter avec eux !
Tu voulais bien, tantôt ? Satisfais ton envie.
Bien plus, tu peux sans doute encor sauver ta vie.
N’es-tu pas leste ? Fais comme ton compagnon.
Tu ne vas pas rester solide au poste ? Non.
Discipline, devoir, honneur ! C’est de la phrase.