Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/24

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collège, devenus étudiants en droit ou en médecine.

Le dimanche il conduisait sa mère à la grand’messe, à Saint-Séverin. Là, cette vieille femme, petite et maigre, qui portait encore sous son voile de veuve le chapeau en capote de cabriolet, au large bavolet tuyauté, et un tour de cheveux férocement noirs, reproduisait, avec sa longue figure d’un jaune rance, son haut front de dévote, ses lèvres pâles et ses yeux sans regard, une des mystiques figures immortalisées par le pinceau d’Holbein. Elle lisait l’office dans un gros eucologe dont la reliure était enveloppée de drap noir, et chantait tout haut les répons en latin, comme dans une église de village. Gabriel, qui avait été très pieux dans son enfance, mais que le doute avait depuis longtemps envahi, était alors vaguement honteux de sa mère ; mais, par respect pour elle, il n’avait jamais osé lui conseiller de renoncer à cet usage tout campagnard.

Après la messe, ils faisaient un tour de Luxembourg ou de Jardin des Plantes. Gabriel aimait surtout cette dernière promenade pour ses parfums d’arbres étrangers et ses longues avenues mélancoliques