Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/297

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haut comme une botte, le front caché sous une étrange tignasse jaune.

Personne ne le réclamant, on le mit aux Jeunes Détenus.

Peu intelligent, paresseux, surtout maladroit de ses mains, il ne put apprendre là qu’un mauvais métier, rempailleur de chaises. Pourtant il était obéissant, d’un naturel passif et taciturne, et ne semblait pas trop profondément corrompu dans cette école de vice. Mais lorsque, arrivé à sa dix-septième année, il fut relancé sur le pavé parisien, il y retrouva, pour son malheur, ses camarades de prison, tous affreux drôles exerçant les professions de la boue. C’étaient des éleveurs de dogues pour la chasse aux rats dans les égouts ; des cireurs de souliers, les nuits de bal, dans le passage de l’Opéra ; des lutteurs amateurs se laissant volontairement tomber par les hercules de foire ; des pêcheurs à la ligne, en plein soleil, sur les trains de bois. Il fit un peu de tout cela, et, quelques mois après sa sortie de la maison de correction, il fut de nouveau arrêté pour un petit vol : une paire de vieux souliers enlevée à un étalage. Résultat : un an de prison à Sainte-Pélagie, où il servit de brosseur aux détenus politiques.