Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment. Tout était tendu en perse jaune, semée de petits bouquets. Il y avait un tapis, des sièges bas, un divan, une psyché où l’on se voyait comme dans un portrait en pied. Sous les rideaux relevés de l’alcôve, on apercevait le lit, haut et large, avec un couvre-pied capitonné. Des riens, des objets de femme traînaient partout, dans un désordre sans malpropreté : sur le guéridon, où embaumait un bouquet de roses, sur la cheminée, où brillait une jolie pendule dorée. Gabriel remarqua aussi les bougies bleues des candélabres et une petite mule de porcelaine peinte, pleine d’allumettes.

« Vous voyez, j’étais en train de donner de la verdure à mes oiseaux, dit Mme Henry, quand Gabriel se fut assis dans un fauteuil. Vous permettez que je finisse ? »

La cage, où sautillaient un serin et un bouvreuil, était posée sur une table, et Mme Henry, pour introduire des brins de mouron entre les barreaux, se tenait debout, tournant presque le dos à Gabriel, qui ne la voyait qu’en profil perdu. Sa grande robe de chambre de fin drap rouge, qui indiquait à peine la taille et traînait un peu à terre, la faisait paraître très grande. La masse superbe de ses cheveux noirs était relevée en chignon sur le sommet