Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/47

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de la tête et retenue par un grand peigne d’écaille. Au croquant de l’oreille, pendait une petite boule d’or.

« C’est bien bon, ça... c’est du bon nanan, mes chéris ! » chantonna la grande brune en se penchant vers la cage ; et elle imita, avec ses lèvres, le bruit d’un gros baiser.

Gabriel était ébloui. Cette belle femme en négligé, tout près de lui, le fascinait ; il regardait, sans penser à rien, la peau dorée de cette nuque et les petites mèches rebelles qui frisaient là. Elle, qui, par cet instinct merveilleux des femmes, devinait sans la voir cette muette admiration, en était doucement flattée et ne se pressait pas pour se retourner.

Tout à coup le souvenir d’Eugénie traversa l'esprit de Gabriel. Il se rappela que c’était pour elle qu’il était venu, et, chose étrange, il se reprocha ce moment d’oubli, cette surprise des sens qui lui avait fait presque désirer l’autre. « Et madame votre amie, demanda-t-il, ne s’est-elle pas ressentie de sa terreur de l’autre jour ? » M"" Henry se retourna en riant. « Eugénie ? dit-elle. Ah ! je vois que nous y avons pensé, mauvais sujet ! Vous êtes bien mignon, mon-