Page:Coppée - Œuvres complètes, Théâtre, t4, 1899.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les importantes fonctions de directeur de la scène. On l’avait placé là, je crois — et c’était un choix parfait — pour enseigner aux chanteurs la diction et la mimique que, parfois, ils ignorent vraiment par trop. Ils empêchait, par exemple, la prima donna, atteinte d’obésité, de porter ses bras comme les anses d’un panier, et le ténor de substituer un a à toutes les voyelles. Malgré son talent et son expérience, Régnier, je dois le dire, n’obtenait que des résultats médiocres. Découragé, il renonça bientôt à son emploi, qui fut supprimé. Désormais, personne ne s’oppose plus à ce que les cantatrices adipeuses mettent leurs bras en cerceau, ni à ce que les ténors prononcent « patratra » au lieu de « peut-être ».

« Voulez-vous faire un livret de ballet? me dit Régnier, qui avait toujours été très bienveillant pour moi. Nous avons à l’Opéra une « étoile » délicieuse, Rosita Mauri, qui a débuté avec un succès éclatant dans le divertissement de Polyeucte, de Gounod... Il nous faut pour elle un ballet important, un ouvrage en deux actes... Vaucorbeil souhaiterait que le sujet fût trouvé par un poète, et il a pensé à vous. »

En vain je me défendis, alléguant ma complète incompétence. Les instances du bon Régnier, puis celles de Vaucorbeil, qui était aussi un très aimable homme, me décidèrent. Après tout, que me demandait-on ? D’imaginer un conte bleu, une féerie. J’y réfléchis