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préface.

réside dans les citations de nos pièces manuscrites. J’en ai fait le plus que j’ai pu, par devoir et aussi par inclination. Il me semble que l’histoire existe avant tout dans les faits, dans les actes officiels et dans les impressions des contemporains.

Je dois dire un mot sur le genre et l’esprit de ce travail historique touchant une période si intéressante et encore si peu connue. On ne trouvera point ici de traces des théories dites philosophiques, que tant d’écrivains appliquent aujourd’hui si facilement à l’histoire. J’ai voulu raconter les faits, et je n’ai point toujours réussi à me les expliquer à moi-même. J’envie beaucoup la bonne fortune de ceux qui connaissent les lois de l’humanité en général. En particulier, j’admire plus encore la position de ceux, qui ont découvert ce qu’on appelle de nos jours la mission providentielle, fatale et européenne de la France. J’ignore tout cela. Mais je vois très-clairement, en me bornant à l’histoire restreinte que j’ai étudiée, qu’une foule de choses auraient pu être faites autrement et bien mieux ; je vois qu’une foule de choses très-mauvaises et continuées très-longtemps auraient pu être évitées ; je vois surtout que la véritable et saine opinion publique ne fut presque jamais consultée dans notre patrie, et que dans les deux derniers siècles, très-souvent, la France a laissé aller les choses et s’est peu mêlée de ses propres affaires ; de sorte que des mesures très-considérables ont été prises sans son aveu ; ce dont les siècles de Louis XIV et de Napoléon offrent des exemples trop évidents. Cependant, ce côté indubitable des choses que l’on expliquera bien ou mal, n’est pas uniquement triste. On voit, par ces derniers temps, comme par l’étude des précédents siècles,