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histoire.

des subsides, un gouvernement particulier, organisé, républicain, des cours de justice érigées » exprès pour leurs affaires, des chefs élus par eux, des correspondances étrangères, des députés à la cour, et qui en un mot formaient un État dans un État. Il insista sur les soins multipliés que s’était donné Louis XIII pour abattre cette hydre sans cesse renaissante, et sur les succès qu’ils avaient eus et qui avaient mis le feu roi en état de s’en délivrer et pour jamais. Il pria le régent de réfléchir qu’il n’était pas besoin de raisonner sur le danger de changer la douce et paisible position des affaires, en une mesure dont les suites pouvaient tout troubler, et que le feu roi avait repoussée alors même que les coalisés la lui proposaient comme unique moyen de mettre des bornes à leurs conquêtes et de finir une guerre que ce monarque n’avait aucun moyen de soutenir. Il ajouta qu’après la triste et cruelle expérience que les huguenots avait faite de l’abattement de leur puissance, des rigoureux traitements qui l’avaient suivie et qui duraient encore, il ne fallait pas s’attendre qu’ils s’exposassent à revenir sans prendre de fortes précautions, qui ne pouvaient qu’être les mêmes que celles qui avaient troublé cinq règnes.

À toutes ces raisons politiques, il en mêla d’autres d’une couleur commerciale, bien plus étranges encore ; il soutint que ces hommes, ce commerce, cet argent, dont le rappel des proscrits semblerait devoir enrichir le royaume, « seraient hommes, argent, et commerce, ennemis et contre le royaume », et que cette faute incomparable et irréparable rendrait pour toujours les puissances maritimes et les autres protestants de l’Europe maîtres et arbitres du sort de la France au dedans et au dehors. La conclusion de tous