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des églises du désert.

liques, ils n’en resteraient pas moins protestants au fond de la conscience, où nulle recherche ne pourrait les troubler. On découvre ici clairement le mélange des lumières de palais et des convictions jansénistes ; tout cela se passait dans l’âme de ce grand magistrat avec le sentiment d’équité le plus inviolable. Mais il ne prévit point que les réformés, pas plus qu’une forte partie du clergé catholique, ne consentiraient qu’avec répugnance à se plier à ces accommodements. Aussi l’entreprise ne porta que de mauvais fruits. Nous verrons de bien nombreux exemples de la malfaisante influence qu’exerça le jansénisme parlementaire contre les protestants, dont les intérêts eussent semblé devoir rester bien en dehors de ses débats.

Ainsi en résumant tous ces faits, on ne voit pas comment les événements politiques et administratifs des premières années de la régence purent exercer une influence un peu sentie sur le sort des protestants. La misérable querelle des ducs et pairs avec le Parlement, où la plus puérile vanité anima jusqu’au fanatisme les prétentions de l’étiquette de cour, ne put même effleurer leurs intérêts. La question de la destitution honorifique des princes légitimés eut des suites plus graves et plus lointaines. Les fils de Mme de Montespan, dont l’aîné, le duc du Maine, avait cependant épousé la princesse Bénédicte de Condé, privés de tous privilèges de princes du sang, réduits au simple rang de leur pairie, achevèrent, par leur abaissement, la destruction du testament de Louis XIV. Ce coup hardi, dans lequel la morale s’étonna d’être du côté du régent et de l’abbé Dubois, fut frappé pour complaire au « fanatisme ducal » de Saint-Simon, pour satisfaire la jalousie légitime du duc de