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couvrir ; enfin que toutes ces circonstances réunies durent faire espérer aux protestants que les jours de la tolérance allaient luire pour eux. Quelques émigrés du Piémont et de la Suisse regagnèrent timidement leurs foyers. Des assemblées religieuses osèrent affronter les édits, dans les quatre provinces où le zèle était le plus fervent, c’est-à-dire dans le Poitou, dans le Dauphiné, dans la Guyenne, et surtout dans le Languedoc. Le régent, qui était personnellement le contraire d’un dévot, ne s’effraya pas sans doute des mouvements de ces communautés impuissantes à troubler l’État ; mais leur renaissance accusait l’impuissance manifeste des convertisseurs. Il n’aurait pu les reconnaître officiellement sans se mettre sur les bras tout le clergé et sans heurter de front toutes les traditions de Louis XIV, si puissantes encore. Il est donc facile de voir qu’une politique élémentaire dut conduire le régent à laisser subsister les édits, tout en adoucissant leurs rigueurs par des instructions secrètes. Ce fut là le sens de son administration. Mais l’esprit de Louvois, continué par le vieux Baville, qui vivait encore au commencement de la régence, guidait les actes et la surveillance des intendants et commandants de provinces. La magistrature, imbue de l’esprit janséniste, continuait à se dédommager de son acharnement contre les ultramontains par son zèle persécuteur de l’hérésie calviniste. Dans cette position des choses, le régent dut corriger plus d’une fois et les ordres des commandants et les arrêts des cours souveraines. Le comte de Médavy, gouverneur de Dauphiné, opposa de nouvelles dragonnades aux premières réunions publiques des réformés. Le duc de Roquelaure couvrit le Languedoc de troupes vigilantes contre les prêches du désert. Le duc de Ber-