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histoire.

Telle fut la loi, aussi confuse et inexécutable que cruelle et inique, dont un conseil de courtisans et de prêtres ne craignit pas de déshonorer les premières années du jeune Louis XIV. Nous avons déjà vu, quant au personnel des auteurs de la déclaration, qu’aucun homme d’état d’une certaine portée n’y figura directement. La mort du sage et tolérant prieur d’Argenteuil, Claude Fleury, aussi vertueux et plus éclairé que son collègue Fénelon, était venu interrompre ses consciencieuses fonctions de confesseur du jeune monarque. Le cardinal Dubois avait précédé de fort peu son maître au tombeau. Le parti politique du Conseil était dirigé par l’ancien évêque de Fréjus et par le duc de Bourbon ; le parti religieux, par l’évêque de Tressan : à côté d’eux se montrait l’influence de la haute magistrature, dignement représentée par le grand d’Aguesseau et par le procureur-général Joly de Fleury. Il faut pénétrer plus avant les diverses influences qui s’agitaient ambitieusement autour du duc de Bourbon, et surtout il faut démêler les fils secrets du système janséniste. Nous avons vu que l’évêque de Nantes, Tressan, encouragé par les honneurs des cardinaux de Bissy et de Rohan, et appuyé de l’inertie prudente de l’ancien évêque de Fréjus, obsédait le duc de Bourbon de ses projets d’intolérance pure et simple, qu’il revêtait de toute la grandeur d’une tradition de Louis XIV. Joly de Fleury, qui succéda en 1717 à d’Aguesseau dans les fonctions de procureur-général au Parlement de Paris, charge qu’il remplit avec éclat pendant près de trente ans, était un magistrat sage, prudent, et praticien consommé ; ainsi que son ami d’Aguesseau, il se montra vigilant gardien des maximes gallicanes, dont la profession est voisine de l’esprit janséniste. Joly de Fleury, long-