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mulée des ouailles, et pour l’obliger d’accorder les sacrements sans enquête à ceux qui les demanderaient l’édit à la main. « Les magistrats, dit plus tard Malesherbes, étaient encore plus attachés à ce système que les ministres. » La déclaration fut donc le produit d’un rapprochement facile, qui mit au jour tout ce que l’esprit moliniste et tout ce que l’esprit janséniste recelaient de plus monstrueux ; le premier esprit s’y déclara par des rigueurs cruelles, dont l’habitude lui était chère, quoiqu’elle eût si mal réussi ; le second esprit attacha la présomption légale de la foi à des communions religieuses machinales et obligatoires. Ce fut là le véritable sens de cette déclaration fatale, où l’esprit ultramontain personnifié en l’évêque de Nantes, montra au moins de la franchise, mais où l’esprit janséniste chercha à produire l’unité religieuse par des formalités de palais et des condescendances indignes. Toute l’argumentation de Joly de Fleury, qu’il appuie à la fois sur la jurisprudence séculière et sur le droit canonique, se concentre en ce principe, que les demandes de baptême, de mariage et d’enterrement, faites par des nouveaux convertis, réputés anciens catholiques par la loi, sont des faits auxquels le clergé ne peut refuser son concours, et que ce sont des actes dont le clergé n’a nullement le droit de scruter le for intérieur.

Cependant ni d’Aguesseau, ni l’esprit éminemment logicien de Joly de Fleury, ne purent espérer sérieusement de rallier par de tels moyens à la religion dominante, des sectaires, que tant de tourments, frappant sur les corps et les biens, n’avaient pu ni convaincre, ni disperser ; mais les magistrats crurent sans doute, en entraînant les protestants au confessionnal et en effaçant sans retour leur nom de reformés, obliger le