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des églises du désert.

par des vexations, des chicanes et des procès, quand elles ne l’étaient pas par la force ouverte et par les condamnations criminelles.

On voudrait connaître tous les détails de ces courses accompagnées de tant de dangers, ainsi que la manière de convoquer les assemblées, les précautions prises pour le salut commun, les rapports des ministres avec les fidèles proscrits, la méthode par laquelle on annonçait les réunions, la durée et le lieu des exercices, l’étendue des courses, les émotions que les réformés venaient chercher dans leur culte, le rit que les ministres y pratiquaient ; en un mot, on désirerait retrouver un tableau de ce singulier mélange d’alarme, de ferveur et de courage, qui constituait la religion de ces jours de danger et de gloire. Ce sont encore les rapports du ministre Antoine Court à ses amis, qui nous ont laissé à ce sujet des renseignements pleins d’intérêt et de vérité. Cet infatigable soutien de la cause reformée, dans le midi du royaume, méditait un dessein, qui, par l’importance du but et les suites extrêmement heureuses qu’il devait avoir un jour, fut peut-être le plus grand service qu’il rendit dans sa carrière évangélique. Méditant sur les moyens d’établir quelque part une académie, qui pût fournir des pasteurs prudents et instruits à des communautés, lesquelles n’avaient aucun moyen d’en former, il entreprit plusieurs longues tournées pastorales, pour bien s’assurer des besoins des fidèles et de l’état des choses. Cet homme courageux n’avait pas échappé à la médisance. Des propos malveillants circulaient contre lui au sein même des églises qu’il chérissait d’un véritable amour, et auxquelles il rendit tant de périlleux offices. On lui reprochait d’une part de perdre son temps auprès de son épouse et, ce