Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
histoire.

rances de nos libertés. Alors, et plus tard, le protestantisme fleurit par sa littérature, par sa science, par ses académies ; mais toute son importance politique avait été anéantie. Ce fut la seconde époque de l’histoire des protestants de France. Elle se prolongea jusqu’au moment où Louis XIV, voulant établir le plus profond et le plus brillant despotisme qui eût jamais asservi un peuple éclairé, dut naturellement commencer par proscrire tous les calvinistes, c’est-à-dire tous ceux qui croyaient, avoir quelques droits ou quelques opinions en dehors de la volonté absolue du prince. Les religionnaires furent poursuivis en même temps que la piété politiquement libérale des écrivains de Port-Royal. Tout progrès politique fut rendu impossible en France. La grande aristocratie territoriale disparut. Il n’y eut bientôt plus que des nobles aux livrées de la cour. Les Châtillon et les Guise furent les premiers hauts valets de Louis XIV. La féodalité, cet élément germain de toute la liberté moderne, fut étouffée, et ses vertus se réfugièrent dans le tiers-état. Mais la conséquence déplorable de toutes ces mesures, c’est que la plus ancienne monarchie de l’Europe fut précipitée un siècle plus tard dans le volcan révolutionnaire, que de Sages réformes et une indépendance protestante eussent immanquablement conjuré.

La troisième époque est celle que nous entreprenons de peindre. Elle comprend les années où cette portion des calvinistes, qui avaient résisté à la grande émigration de la révocation de l’édit de Nantes, en persistant à demeurer dans la patrie, lutta pour ses droits religieux et pour ses libertés de conscience, avec une fermeté et une suite dont l’histoire offre bien peu d’exemples. En lisant les pièces du temps,