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des églises du désert.
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Sans ornements, sans subtilités, et même sans esprit à proprement dire, le caractère de ses discours est la logique, la force et la grandeur. La Providence, la liberté, le monde futur, l’enfer et le ciel, les perfections divines, toutes ces redoutables questions n’ont point de mystères qu’il n’aborde avec audace, avec succès, et non sans remuer profondément les âmes. Son style âpre et net se tient à la hauteur d’un tel dessein. La force du raisonnement et la hardiesse de la pensée, font paraître naturel ce qui paraîtrait outré ou téméraire chez d’autres orateurs. Aussi on n’y rencontre aucunes recherches de style, aucun agrément, aucunes fleurs. Mais presque toujours aussi la vive éloquence et les saisissantes images naissent du pathétique de sa pensée. Alors Saurin est simple ; mais il est attendrissant au plus haut degré. Sous ce rapport sa manière tient des tragiques grecs ; la sensibilité découle sans effort du sein même de la conception.

Un autre point de vue sous lequel la lecture de ces magnifiques harangues intéressera et instruira toujours, c’est la rigueur et la grandeur de leur dogmatisme. Ce fut là un des traits saillants de Saurin. Son dogmatisme est toujours logique et parfaitement arrêté. Il ne s’égara qu’une fois ; ce fut, lorsque examinant la nature des voiles dont le prophète Samuel s’enveloppa pour tromper Saül, il crut trouver une apologie du mensonge dans les oracles du peuple de Dieu, comme si le code hébraïque dût servir partout de loi morale aux chrétiens. Il fut entraîné par une analyse trop profonde et trop curieuse. Mais, quant à ses sermons, ils sont nettement démonstratifs et bibliques. La religion qu’ils exposent, revêtue d’un style classique et de bon goût, n’est pas moins la re-