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histoire.

moins, ils nous le disent et nous bénissons leur mariage dans les règles ; mais ils nous trompent, et d’abord que leur mariage est célébré ils ne paraissent plus dans nos églises ; nous les allons chercher, nous leur exposons les promesses qu’ils nous ont faites à la face des autels, et confirmées par un serment solennel ; quelques uns nous disent qu’ils souhaiteraient nous tenir ce qu’ils nous ont promis et qu’ils voudraient y être obligés par les lois du prince, pour se mettre à couvert des menaces et des mauvais traitements auxquels ils seraient autrement exposés. D’autres nous répondent avec indifférence qu’ils n’ont jamais eu dessein d’être catholiques, et que, quand ils ont fait semblant d’abjurer l’hérésie, ils ont prétendu renoncer par une restriction mentale à la catholicité ; c’est ce qui a fait prendre à plusieurs de ceux qui sont préposés pour la conduite des paroisses, la résolution de ne bénir aucun de ces mariages pour ne pas s’exposer au péril évident de trahir leur ministère en profanant le sacrement. D’autres plus ouvertement déclarés ne gardent aucune mesure ; ils ne s’embarrassent point de sauver les moindres apparences ; ils vont aux assemblées ; et là, ils se donnent réciproquement la foi devant un prédicant, quelquefois sans avoir même passé devant notaire aucun contrat, pour en épargner les frais, et vivent ensuite comme s’ils étaient légitimement mariés, au grand scandale du public. Cette dernière classe est la plus nombreuse, et nous voyons tous les jours quelque nouvelle conjonction de cette espèce. Ces prétendus mariages sont également contre la religion et contre les lois de l’État. Les enfants qui en naîtront porteront l’iniquité de leurs pères ; ils n’auront point d’état fixe, et ne pourront être regardés que comme illégitimes ;