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des églises du désert.

rité des parlements. Il y avait en effet un conflit sourd et réel entre les attributions de ces proconsuls et celles des corps de la magistrature antique. En ce qui concerne plus particulièrement les affaires des églises, nous allons voir maintenant l’autorité parlementaire prendre de l’extension. Les églises vont se trouver en contact avec les procédures de l’ancienne robe. Malheureusement elles gagnèrent peu à ce changement ; au lieu de l’arbitraire administratif et expéditif des intendants excités par la cour, ils furent frappés de verges plus systématiques sous les arrêts de ces corps judiciaires, qui mettaient au nombre de leurs traditions la conservation des maximes catholiques et la nécessité d’abattre les sectes ennemies de l’unité de la foi. À partir de la guerre de 1740, c’est principalement en face des parlements que les églises du désert vont être appelées à répondre de leurs assemblées et de leur foi.

Ce changement grave dans leur position remonte à des causes plus lointaines. À la place administrative du chancelier Pontchartrain, inspiré par les habitudes politiques de Louis XIV, avait succédé, sous la régence, Daniel Voysin, chancelier pour un1717. moment, qui avait négocié du vivant du vieux roi les derniers secrets de son maître. Il ne put avoir aucune influence sur la restauration de l’esprit parlementaire. Il en fut tout autrement de l’illustre chancelier d’Aguesseau ; sauf quelques disgrâces passagères,1718. tantôt basées sur son opposition aux rêveries financières de Law, tantôt sur le zèle qu’il mit à concilier les droits royaux et l’influence parlementaire,1722. il dirigea le département de la justice pendant trente-quatre ans. Ce magistrat intègre, qui manquait toutefois de fermeté et d’esprit de suite, conserva le mi-