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des églises du désert.

de l’ennemi commun et des édits. Nos pièces font voir que le pasteur Jacques Boyer, quoique légalement déposé par un synode provincial, mais toujours souhaité par une forte partie des églises du Rouergue surtout, ne cessa d’y porter la parole pendant toute la durée du schisme disciplinaire, au péril de sa vie. Ce fut encore Antoine Court qui dissipa ce fâcheux orage. Aussi sa présence dans cette assemblée, convoquée dans une plaine du Vivarais, avait attiré un concours extraordinaire. Elle prit même un aspect formidable. Le pasteur Antoine Court prononça un discours de circonstance et de pacification devant une réunion que les documents, sans doute non sans exagération, portent à dix mille personnes[1]. Le pasteur officiant déclara Jacques Boyer réinstallé dans ses fonctions ; ce dernier parut revêtu de ses insignes ecclésiastiques. Antoine Court lui tendit la main de fraternité. Il repartit aussitôt pour porter cette bonne nouvelle à Lausanne, après avoir béni, une dernière fois encore, tous ses frères rassemblés, qu’il avait si souvent édifiés et conduits au milieu de périls communs pour le pasteur et pour le troupeau. Ce fut encore un service signalé que le digne pasteur Antoine Court rendit à ses anciennes communautés et à toute l’église de France.

Un assez grand nombre d’articles disciplinaires furent adoptés par cette assemblée ; ils attestent de

  1. (Mss. Veg.) Nous puisons ces intéressants détails, sauf l’acte même du synode qui fait partie des Mss P. R., dans une lettre étendue que le vénérable M. de Végobre, du comité français de Genève, nous fit parvenir le 20 février 1836. Ce zélé protestant, fort digne d’avoir été le collègue des protecteurs des églises du désert sous Louis XV, était parvenu à l’âge de quatre-vingt-trois ans ; ses forces étaient passées, sa vue éteinte ; mais ses idées avaient encore toute la netteté et toute la verve de l’ami inviolable de Court de Gebelin, fils du vénérable pasteur Antoine Court.