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des églises du désert.

content ; » il mourut, et son testament fut déchiré le lendemain même, et son corps fut transféré à Saint-Denis au milieu des coups de pierre et des huées du peuple. Lorsque son cœur fut porté aux Jésuites de la rue Saint-Antoine, « pas six personnes de la cour, » hormis celles dont les fonctions obligeaient la présence, assistèrent à cette lugubre cérémonie.

Suivant Saint-Simon[1], le 26 août 1716, Louis XIV mourant dit au petit nombre de personnes qui étaient restées dans son cabinet, et notamment aux cardinaux de Bussy, de Rohan, et au père Tellier, qu’il mourait dans la foi et la soumission à l’Église ; puis il ajouta, « en arrêtant ses yeux sur eux, qu’il était fâché de laisser les affaires de l’Église en l’état où elles étaient, qu’il y était parfaitement ignorant, qu’ils savaient et qu’il les en attestait qu’il n’y avait rien fait que ce qu’ils avaient voulu ; qu’il y avait fait tout ce qu’ils avaient voulu ; que c’était donc à eux à répondre devant Dieu pour lui de tout ce qui s’y était fait, et du trop ou du trop peu ; qu’il protestait de nouveau qu’il les en chargeait devant Dieu, et qu’il en avait la conscience nette, comme un ignorant qui s’était abandonné à eux dans toute la suite de l’affaire, » paroles solennelles et vraies, qui résument la conduite et les longues erreurs d’un souverain, dont l’esprit, naturellement juste et grand, ne devint persécuteur que par les suggestions de dévots intéressés.

Telle fut la fin de ce monarque, souverainement despote par goût, par politique et par égoïsme, dont les armes avaient fait trembler les nations, dont tous les prodiges de l’art, de l’esprit et de la beauté, avaient orné la cour. Il fut ennemi de la liberté de conscience par dévotion autant que par tyrannie. Mais

  1. Mém., ann, 1715.