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des églises du désert.

fortifiaient aussi de plus en plus dans la résolution de ne pas céder à la violence. Quelques réformés de Mazamet ayant consenti, non à abjurer, mais à s’engager seulement à ne pas aller aux assemblées du culte, afin d’échapper, par cette concession, à des amendes ruineuses, ils furent privés de la sainte Cène ; les anciens et diacres furent déchus de leur charge, jusqu’à ce qu’ils donnassent des preuves de repentir ; le pasteur Michel Viala leur écrivit à ce sujet une lettre1745.
10 mai.
remplie des plus affectueux et des plus touchants conseils. Cependant ce pasteur, qui était depuis douze années l’âme et l’instrument principal de la renaissance religieuse des églises du haut Languedoc, se voyant poursuivi de toutes parts, et sans cesse menacé du supplice, eut un moment la pensée de se retirer dans une contrée plus tranquille. Nous transcrivons la lettre qu’il écrivit à ce sujet, parce qu’elle pourra servir à faire connaître à la fois et la situation des églises, et le caractère héroïque de leur pasteur.

«  À messieurs les dignes pasteurs et anciens des églises du haut Languedoc, assemblés en colloque, le 10 mai 1745.

« Messieurs nos très-chers et très-honorés frères en Jésus-Christ notre Seigneur, le sieur Viala, pasteur de vos églises, a l’honneur de vous représenter que, depuis que Dieu, par un effet de sa juste colère, a permis à l’ennemi de renouveler les anciennes persécutions de l’église, il s’est vu plusieurs fois en danger d’être surpris par les ruses du persécuteur, qui, instruit du temps et des progrès de son ministère, est animé contre lui d’une haine implacable ; qu’il lui revient de toutes parts que les malintentionnés cherchent actuellement à lui tendre des pièges ; que