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des églises du désert.

dictions divines ! au moins que mon cœur malade de la froissure de Joseph conserve jusqu’au tombeau le tendre souvenir des églises de cette province, et en particulier, de tous les membres qui composent cette vénérable assemblée ! »

À cette époque, la sévérité des administrateurs et des parlements redoubla, et des maux inouïs pesèrent1745. sur les provinces. De tous les corps de magistrature de cette époque, aucun ne se montra plus rigoureux, on peut dire, plus barbare, que le parlement du Dauphiné, séant à Grenoble. Il est possible que l’esprit des juges et du premier président, de Piolens, eût exercé quelque influence sur cette jurisprudence sévère ; mais il est plus vraisemblable que cette cour se laissa effrayer par la gravité des événements de la guerre de 1745 et 1746, par suite desquels les armées piémontaises et autrichiennes avaient occupé les lignes du Var et de la Durance, pendant que de formidables escadres anglaises menaçaient de bombarder Marseille et Toulon. Puisque Louis XV envoyait Édouard Stuart en Angleterre avec une armée catholique, ou put craindre que les Anglais, par droit de talion, ne jetassent des soldats protestants sur les côtes françaises de la Méditerranée, pour rallumer la guerre civile et rallier les mécontents. Nous verrons, en effet, que ce fut sans cesse l’épouvantail des intendants. La Provence avait été ravagée et occupée en grande partie par l’ennemi, que le maréchal de Bellisle eut tant de peine à chasser. Le peuple vit l’invasion avec assez d’indifférence. Le gouvernement éprouvait de vives inquiétudes sur le danger de voir les protestants s’allier à l’ennemi, en recommençant la guerre des Cévennes avec de meilleures chances. Auprès de la cour de Versailles, deux influences agis-