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histoire.
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saient sans cesse contre les religionnaires : l’insistance du clergé, qui voulait par tous les moyens ramener les dissidents au giron, et l’influence politique qui représentait toujours les assemblées des protestants comme des commencements de révolte. Tantôt on répandait le bruit que les protestants levaient la tête en proclamant que la tolérance était accordée, faisant entendre par là qu’ils se soulèveraient si elle ne l’était pas ; tantôt on assurait que le voisinage de deux armées étrangères leur servait de sauvegarde ; enfin on donna comme nouvelle positive que vingt-cinq gentilshommes protestants se disposaient à joindre les ennemis avec vingt-cinq mille Camisards. Ces rumeurs si habilement calomnieuses eurent tout le succès qu’on voulut en retirer. Les provinces voisines de l’invasion furent tourmentées de mille manières. Le Dauphiné, comme frontière piémontaise, fut exposé aux plus grands malheurs. On est douloureusement surpris en parcourant la série des arrêts du parlement de Dauphiné à cette époque. Ce fut peut-être la plus rude persécution que les réformés aient éprouvé dans tout le xviiie siècle.

Le prétexte de l’orage fut un bruit que l’on fit courir sur une démarche imaginaire du ministre Jacques Roger, à Grenoble, lui attribuant d’avoir lu tout 1744.haut, à l’une de ses assemblées du 7 mai, un édit de tolérance fabriqué à plaisir. Nous donnerons bientôt quelques détails sur cette supercherie.

Les protestants furent ajournés par centaines. Toutes les maréchaussées furent mises en campagne. On remplit les prisons de Montélimar, de Valence, de Die, de Crest et de Grenoble. À partir de ce moment, la cour ne cessa de rendre les arrêts les plus terribles. En 1745 et 1746, dans le Dauphiné, Paul