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des églises du désert.

responsabilité des mesures du temps. Ce fut à lui que les églises du désert adressèrent sans cesse ces placets redoublés, si justes dans leurs prétentions, si mesurés dans leurs plaintes ; nous ne voyons pas, par nos pièces, que cet administrateur ait une seule fois répondu à des doléances aussi légitimes. Il fut sans doute plus occupé de ses galanteries que de leurs malheurs. Il eut surtout la direction des affaires des protestans de France depuis 1744, lorsque Louis XV partit pour aller livrer la bataille de Fontenoi. Le roi ne cessa de témoigner la plus haute estime à son talent administratif, qui fut d’une fécondité intarissable dans la signature des lettres de cachet. Son pouvoir, qui s’étendit sur les églises pendant l’espace de plus d’un demi-siècle, fut enfin brisé par Louis XVI. Après nous être arrêté à indiquer les noms des ministres qui gouvernaient la France, ou du moins qui partageaient l’autorité avec les dames, jusqu’ici de bonne maison, qui régnaient sur le roi, nous devons rentrer dans notre sujet, qui d’année en année revêt une teinte plus sombre. Nous avons vu comment la disposition fort sage des assemblées de jour, adoptée par le synode national de 1744, fut odieusement exploitée par les ennemis des églises du désert. Ils eurent recours à des calomnies mieux ourdies encore. Les assemblées ayant été reprises en Dauphiné,1744. il fut fait rapport à la cour de Versailles que,

    virent à défrayer la magnifique demeure de l’hôtel Saint-Florentin dans la rue qui porte encore le nom de ce confident de Louis XV. Nous n’avons rien trouvé dans nos pièces qui confirmât l’existence de cette rente des persécuteurs. Il faut même remarquer que ce ministre, qui fut créé duc de la Vrillère, en 1770, reçut très-souvent avec bonté Court de Gebelin, qui était alors, à Paris, l’agent bien connu des intérêts des protestants français ; notre correspondance atteste maintes fois ces relations presque amicales entre le fils d’Antoine Court et le fils du secrétaire d’État de Louis XIV.