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supposé un édit de liberté de conscience. Sa malignité l’a porté à vouloir découvrir par cette indigne voie la façon de penser de Sa Majesté sur nos exercices de religion. Si sa maligne curiosité a été satisfaite à ce dernier égard, j’ose espérer qu’il ne triomphera pas longtemps de l’opprobre dont son imposture m’a couvert aux yeux de Votre Grandeur, et qu’en voyant éclater mon innocence, dans la procédure même qui a été faite pour prouver le crime affreux dont on me charge, vous rendrez à l’accusateur et à l’accusé la justice qui leur est due. » Ce qu’on aurait aujourd’hui de la peine à croire, c’est que ce bruit fut adopté et propagé par ceux même qui avaient le plus d’occasions de s’assurer de sa fausseté. Les ecclésiastiques catholiques de la province essayèrent de donner corps et réalité à la calomnie. Ils furent sans doute de bonne foi ; car on croit facilement aux péchés de ceux qu’on n’aime pas. Même après la mort tragique 1746.du pasteur Roger, l’évêque de Valence, M. de Milon, répétait, dans un mandement du 10 février, que les hommes de ténèbres, les ministres protestants, « avaient publié sur les toits, ce qu’ils ne disaient auparavant qu’à l’oreille, que par de vaines espérances d’un prochain rétablissement ils en avaient allumé les plus violents désirs, et qu’ils ne rougissaient pas, pour se donner plus de créance, de fabriquer de fausses lettres et de les répandre avec ostentation sous les noms les plus respectables[1]. » Il est

  1. Mém. histor., depuis 1744 jusqu’en 1752, du Patriote français et impartial, p. 28, par Antoine Court. On trouvera dans ce mémoire toutes ces pièces fabriquées, telles qu’elles furent publiées en 1744, et répandues en Dauphiné. Elles consistent en un décret de Louis XV, daté de Metz, du 15 août 1744 ; d’une lettre de M. d’Argenson ; d’un édit du dauphin de France, revêtu du pouvoir en l’absence du roi, par lequel les assemblées étaient permises ; donné à Versailles, le 30 septembre 1744. Toute cette ténébreuse intrigue