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histoire.

et comme ayant été le résultat des dernières réunions publiques. Nous avons déjà remarqué que le moment de ces réunions était fâcheux. Des édits absurdes et oppresseurs interdisaient toute assemblée publique ; ils transformaient, il est vrai, en crime, l’exercice le plus pacifique et le plus calme d’un droit sacré. Précisément à cause de la défense et de la proscription, ces réunions avaient forcément une apparence mystérieuse, dont le gouvernement pouvait s’inquiéter. On ne comprend plus aujourd’hui cette folie administrative, qui visa sans cesse à transformer des églises, qui auraient pu être patentes et publiques, en sortes de conciliabules clandestins, ayant toujours une apparence de secret et de conspiration. Ce fut là l’énorme faute des hommes d’État de tout ce siècle. Ils créaient par les édits des assemblées défiantes et menacées, pour ensuite s’en épouvanter et les traiter de révolte. Il n’y avait de clé à tous ces embarras, et pour l’administration et pour les protestants, que la tolérance.

Toutes ces inquiétudes de la province, ces dépêches du comte d’Argenson, ces recommandations de sévérité adressées au parlement de Grenoble, coûtèrent la vie au pasteur Roger, l’un des plus vénérables ouvriers de la vigne évangélique du désert.

« Sans doute, écrivait le ministre Loire, de Sainte-Foi, à Paul Rabaut, à propos des bruits sur un faux édit, vous êtes informé de cette imposture de nos ennemis, ou plutôt de cet effort du prince des ténèbres, qui est menteur et meurtrier dès le commencement. » (Lettre du 22 sept. 1744. Mss. P. R.) Toutefois le pasteur Roger, vieillard vénérable, livré tout entier à ses travaux apostoliques, ne voulut pas les interrompre même au milieu d’un tel orage. Ayant appris