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des églises du désert.

hameaux, les villes d’Uzès, d’Alais, de Ganges, de Castres, de Puylaurens, de Revel, de Réalmont, payèrent des sommes considérables.

Des faits d’une gravité plus sérieuse encore se passèrent en Languedoc. Ce n’étaient plus des condamnations ; c’était des surprises d’assemblées, suivies de massacres, qui semblaient le premier pas vers une vaste guerre civile. On n’avait rien vu de pareil depuis1745. les premières années qui suivirent la révocation. Le 17 mars, une assemblée convoquée près Mazamet, dans le diocèse de Lavaux, ayant été subitement investie par un détachement des dragons de la reine, elle envoya quelques membres près du commandant pour savoir ses intentions ; il les fit connaître en chargeant la réunion : ayant fait neuf prisonniers, parmi lesquels on remarquait le sieur Guitard, le sieur de Lassan, et Doules, sieur de Latour du Redondet, ancien officier et chevalier de Saint-Louis, tous furent condamnés aux galères à vie par jugement de l’intendant de Montpellier : le 6 avril une tragédie bien plus sanglante eut lieu à Vernoux. Le ministre Desubas, ayant été arrêté, fut conduit dans cette petite ville, et quelques paysans protestants, ayant appris la capture de leur pasteur, vinrent demander sa liberté ; on leur répondit par une décharge meurtrière. Cependant ils revinrent encore, et une multitude assez considérable, provenant de deux assemblées qui se tenaient aux environs, se répandit dans les rues de Vernoux, le 12 décembre 1745. Les soldats de l’escorte auxquels quelques bourgeois s’étaient joints, firent un feu roulant sur ce peuple sans défense, du haut des fenêtres où ils s’étaient postés. On évalua le nombre des victimes de ce massacre, à trente-six tués et quatre cents blessés. (Mém. de pl.