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histoire.

des communications politiques les plus étranges de la part des ministres de Louis XV.

Dans le haut Languedoc, la persécution n’avait pas été moins violente ; aussi des copies de la requête au roi ordonnée par le dernier synode national, furent adressées de cette province pour être présentées aux ministres et aux autres seigneurs, à qui les églises pouvaient espérer de faire connaître les faits. Le massacre de Vernoux du 12 déc. 1745 que nous raconterons dans le chapitre suivant, ayant partout répandu la colère et la terreur, les églises de cette province envoyèrent un tableau de l’état des choses et de leurs maux inouïs dans le cours de 1745, au prince de Dombes[1], au duc de Richelieu, commandant la province, au ministre d’état Saint-Florentin, à M. de Manibam, premier président du parlement de Toulouse, et à l’intendant Lenain (Mss. Cast., p. 33-38). Ces églises déclarent, il est vrai, que pour obéir à la conscience, elles se sont vues réduites « à la fatale nécessité » de contrevenir aux édits du roi, sans que pour cela leur fidélité ait été ébranlée ni même altérée en rien ; elles relatent les suites de la funeste rigueur du parlement de Grenoble, et indiquent que dans la haute Guyenne, elles ont éprouvé « tous les excès de la violence exercée par les dragons, logés chez les habitants, à pure perte, excès accompagnés de l’effusion du sang de plusieurs innocents, du ravissement des biens et des denrées, et d’impositions et demandes si excessives que plusieurs se sont vus ruinés dans un court espace de temps ; les amendes

  1. Le prince de Dombes, fils aîné du duc du Maine, légitimé de France, était homme d’esprit et brave officier ; il avait été élevé par sa mère dans les sociétés brillantes de Sceaux, et ainsi que le prince de Conti, il avait accordé quelques marques d’intérêt aux protestants, au moins en paroles.