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des églises du désert.

qu’on a imposées, et qui continuent toujours dans ce pays, ont réduit un grand nombre des meilleures familles à la mendicité ; le logement des troupes dans votre ville de Castres, l’emprisonnement de beaucoup de protestants au château de Ferrières, à Auch, et ailleurs, ont désolé un grand nombre de particuliers et répandu la terreur et la consternation dans toutes ces contrées. »

Cette pétition des églises du haut Languedoc à Louis XV, à ses ministres, à ses lieutenants, et au chef de la magistrature de la province, est rédigée avec une certaine énergie, en ce sens qu’elle précise nettement la position des réformés, placés entre la persécution et l’exil : « Qu’il nous soit donc permis. Sire, disaient ces églises, de supplier très respectueusement Votre Majesté, de jetter un œil de compassion sur notre état déplorable et de nous permettre de servir Dieu et de lui rendre le culte que nous lui devons, dans des assemblées réglées, selon qu’il lui plaira de l’ordonner, pourvu que nous puissions y entendre l’explication de la parole de Dieu, y célébrer ses louanges, y participer aux saints sacrements, que notre Seigneur a institués, et y faire bénir nos mariages par nos ministres : que si nous ne pouvons pas obtenir cette faveur, si nous ne pouvons pas nous flatter de voir cesser nos maux, ne nous étant pas possible de vivre sans l’exercice de notre religion, nous sommes réduits malgré nous à supplier Votre Majesté, avec l’humilité et le respect le plus profonds, qu’il lui plaise nous permettre de sortir du royaume, avec nos femmes, nos enfants, et nos effets, pour nous retirer dans les pays étrangers « où nous puissions librement rendre à la Divinité le culte que nous croyons indispensable et duquel dépend notre malheur ou notre