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histoire.

gence avec les ennemis de l’État. La guerre régnait alors avec fureur. Les armées françaises, engagées en une lutte peu glorieuse pour elles et ruineuse pour la France, avaient été repoussées. Les armées étrangères avaient paru dans le midi et avaient occupé une partie de la Provence. Les flottes anglaises avaient effectué une descente sur les côtes de Bretagne, d’où leurs soldats avaient été vivement repoussés. Mais les vaisseaux ennemis longeaient les côtes de l’Océan et de la Méditerranée ; ils tenaient l’épée suspendue sur le littoral. La cour redoutait que l’ennemi ne profitât de la disposition d’esprit où tant de rigueurs avaient mis les protestants du Languedoc et provinces limitrophes, pour y jeter des corps de partisans, et pour tenter de rallumer la grande révolte des Camisards. Il n’est pas étonnant, d’ailleurs, que cette possibilité très-grave ait engagé fortement l’attention du cabinet de Versailles, qui venait lui-même de jeter un Stuart en Irlande, plutôt comme chef d’aventuriers que comme roi légitime ayant quelque chance de victoire. L’intendant Lenain reçut donc l’ordre de s’assurer, par tous les moyens, des dispositions des protestants si le cas d’une invasion se présentait ; de découvrir surtout si l’on pouvait craindre qu’ils se joignissent à l’ennemi ; ou si l’on pouvait espérer au contraire qu’ils marchassent contre ses drapeaux. L’intendant Lenain fit écrire de Montpellier une épître très-adroite par un protestant qui avait sa confiance, le sieur Amiel, à un autre protestant notable, le sieur Resch, avocat au parlement à Castres. Cette missive engageait les pasteurs à déclarer avec force et sans arrière-pensée leurs intentions et les sentiments de leurs troupeaux, à l’intendant, afin qu’il pût rassurer la cour, et lui faire part des