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histoire.

ni par les soins et les périls qui devaient l’accompagner.

« Mes premières courses eurent pour théâtre le Vivarais. Là les échafauds et les gibets étaient encore ensanglantés de l’exécution de plusieurs protestants que l’esprit de fanatisme avait conduits dans celui de la rébellion. Ici se trouvaient quelques hommes et une quinzaine de femmes ou filles qui au titre de prédicants réunissaient celui de prophètes. Je craindrais de n’être pas cru si je rapportais tout ce que ces esprits fourbes ou séduits disaient de puéril, d’indigne et de déshonorant pour la religion. Je m’attachai à convaincre les premiers d’imposture, et à ramener les autres par mes instructions. Il n’était pas rare de voir dans les assemblées, si peu nombreuses qu’elles fussent, deux, trois femmes, et quelquefois des hommes, tomber en extase et parler tous à la fois comme ces Corinthiens à qui saint Paul adresse ses censures. Bientôt, je passai, comme un autre Élie, pour être le fléau des prophètes, avec cette différence que mon zèle n’était point destructif et qu’il se bornait à convaincre et à instruire. Il fait la guerre à Dieu, disaient au commencement tous ceux qui croyaient à l’inspiration. Mes discours ne laissaient pas d’être accompagnés des plus heureux succès, et mes progrès d’être des plus rapides. Dans peu le fanatisme n’osa plus paraître e » public ; ceux qui en conservaient encore quelque teinture ne s’en entretenaient plus qu’en secret.

« Dieu ne répandait pas de moindres bénédictions sur les soins que je me donnais pour convoquer les peuples, pour les éclairer et pour ranimer leur foi presque éteinte. Ces convocations furent d’abord rares et peu nombreuses ; c’était beaucoup lorsqu’à