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histoire.

D’un autre côté, le parlement du Dauphiné poursuivait de préférence les délits religieux. Charles Aubert de La Batie fut l’un des avocats généraux en la cour qui se signala par des réquisitoires intolérants. Dans trois mois de 1744, plus de deux cent cinquante personnes furent ajournées à comparaître, pour accusation d’assemblées religieuses. En juillet 1746, le même parlement ordonna le voyage d’une commission, composée du sieur Cotte, commissaire, d’un greffier, d’un procureur et d’un huissier ; à cette invasion des gens de justice, on adjoignit une maréchaussée et un détachement de deux cents hommes d’infanterie. Cette commission était chargée de recueillir les dénonciations contre tous ceux qui avaient assisté aux assemblées. Il en résulta, devant le parlement, une suite d’arrêts, du 6 février au 23 septembre 1746, par lesquels près de trois cents personnes furent condamnées soit à mort, soit aux galères, soit à l’emprisonnement, soit à des amendes. Il faut ajouter à cela la nourriture et le logement des troupes, les maisons rasées, les atteintes portées à l’industrie et 1744.au commerce. Chez les protestants de Milhau, en Rouergue, on logea deux compagnies de dragons, qui y demeurèrent du 20 décembre 1744 au 1er  mai 1745 ; ils causèrent une dépense extraordinaire de trente mille livres. Des compagnies furent casernées au même titre chez les protestants de Sainte-Affrique, de Sorbe, de Saint-Rome-du-Tarn et de Saint-Jean-de-Bruel. En janvier 1745, les courses armées les plus ruineuses eurent lieu, par les ordres du commandant d’Audiffret, en Dauphiné ; ce fut dans l’une d’elles que l’on pilla de fond en comble le petit lieu de Thonis, près de Bourdeaux, sous prétexte de rechercher le ministre Rolland, et que la maison du sieur Meffre fut réduite