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histoire.

française du congrès. Les motifs les plus solidement appuyés militaient en faveur d’une demande aussi juste ; mais il fallut encore de longues années pour que la cour de France les accueillit, forcée et contrainte par le progrès des idées et par l’influence d’une philosophie tolérante. Il fallut que les églises traversassent encore quatorze ans de vives persécutions et vingt-cinq ans de doutes et de bien-être précaires avant d’arriver à l’édit de Louis XVI.

Pendant que les églises cherchaient à améliorer leur sort, les vexations contre elles continuaient même dans les portions de la France les plus éloignées du Midi, où la cour s’obstinait toujours à voir un foyer de rébellion prête à s’allumer. Pendant que le pasteur Jean Godefroy, et le sieur Pertuson, de Rouen, traversaient la France pour assister, comme députés, au synode national du Languedoc, leur église, où des assemblées se tenaient dans l’ombre, voyait chaque jour s’enlever et garçons et filles par le zèle des convertisseurs (Lett. du ministre Préneuf à P. R., 22 avril 1748, Mss). Deux événements d’une nature bien différente vinrent affliger les églises à la même époque. Par arrêt du 17 mars 1745, le parlement de Grenoble avait condamné à mort, par contumace, le ministre Duperron, qualifié de prédicant. Arrêté peu de temps après, il fut jeté dans les prisons ; après une longue captivité, ce jeune homme, que le supplice attendait, et qui avait en quelque sorte sous les yeux le triple échafaud de ses collègues Roger, Rang et Désubas, se laissa intimider par les convertisseurs ; il abjura sa foi. On ne comprend guère le mérite d’une victoire obtenue sur un ministre qui eût monté au gibet s’il ne s’était pas converti ; cependant le clergé fit de cette faiblesse une occasion de triomphe remporté par