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histoire.

recevoir étaient par eux assimilés à des formalités sans valeur que les rigueurs des édits leur faisaient seules accepter ; que leur adhésion était uniquement un acte de par le roi où leur conscience n’entrait pour rien, et qu’après ces sacrements comme avant, les parties restaient toujours de la religion prétendue réformée. Il y avait hypocrisie chez beaucoup de religionnaires : ce point ne saurait être contesté ; mais ces actes, qu’ils regardaient à tort comme extérieurs et cérémoniels, leur étaient commandés sous peine des galères et de la ruine d’eux-mêmes et de leurs enfants ; est-ce donc à eux ou aux édits tyranniques qu’il faut renvoyer le poids de cette duplicité ? Mais le clergé du Languedoc surtout s’en était trop clairement aperçu : il jeta les hauts cris ; il déclara, non sans fondement, que dans une foule de cas les mariages des nouveaux convertis devant ses autels étaient un fait d’hypocrisie et de sacrilège. Pour ce dernier point, une foule d’hommes honnêtes chez le clergé déclarèrent qu’ils ne voulaient pas en être complices, et qu’ils ne marieraient plus les nouveaux convertis ; mais il était expressément ordonné aux protestants de se marier devant l’Église, et, sous des peines très-sévères, de ne se marier que là ; telle fut donc leur position, que vers cette époque ils ne pouvaient se marier devant les ministres, ni se marier devant leurs curés. Sans contredit, c’était une des plus singulières conséquences auxquelles un code intolérant ait jamais abouti.

Sans parler du point de vue d’humanité et de tolérance dont on s’occupait assez peu, si l’on jugeait la question sous le seul rapport administratif, il était clair que cet état de choses ne pouvait durer. C’est ce que Joly de Fleury sentit parfaitement. Ce fut