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des églises du désert.

Cependant la conduite des églises ; qui déclarèrent, par la voie des cinq pasteurs que nous avons cités, qu’elles consentaient à l’imposition, n’eut point des suites heureuses. Cette démarche, qui formait contraste avec celle du clergé, redoubla son aigreur contre les réformés, qui n’avaient pas craint de sacrifier les privilèges de la province à l’espoir d’un adoucissement à leur sort. C’était aussi l’époque où toute la correspondance des intendants révélait leurs débats avec les évêques sur la question des nouveaux convertis, où le conseil était fort divisé sur la marche qu’il fallait suivre, où il ressortait évidemment de la situation des protestants que leur nombre restait à peu près le même, et que le code des édits les plus rigoureux était annulé chaque jour par une adhésion feinte qu’il était impossible de combattre. Il paraît que l’influence du clergé sur la haute administration s’exerça habilement dans cette situation nouvelle, où les démarches des réformés du Languedoc avaient paru faire le procès aux siennes sur la question de l’imposition provinciale. Le clergé ayant représenté au conseil que la guerre pouvait recommencer à chaque instant, que dès lors les troupes ne seraient plus disponibles, que les religionnaires constituaient toujours un noyau de révolte inquiétant pour la paix publique, et que d’ailleurs leur souplesse devant les édits de conversion prouvait plus de complaisance que de conviction, n’eut point de peine à porter le conseil à lui donner satisfaction en adoptant des mesures plus fortes, et à profiter d’un intervalle où la paix durait encore. Nous verrons toutefois qu’ici la lutte recommença entre l’administration et le sacerdoce, et que la première essaya maintes fois de tempérer la rigueur de l’exécution des ordonnances,