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que les poursuites et les condamnations presque innombrables, dont elles furent la victime dans le cours du xviiie siècle, étaient parfaitement conformes à la législation, et que les parlements, commandants et intendants ne faisaient qu’en appliquer rigoureusement les dispositions. Les esprits impartiaux décideront si l’histoire d’aucun temps et d’aucun pays offre l’exemple d’un code aussi minutieusement persécuteur, et si jamais société humaine, temporelle ou dogmatique, fut aussi complètement enlacée sous le triple rapport de son existence civile, politique et religieuse.

Ce sont les nécessités de notre sujet qui nous obligent à entrer dans ce dédale d’oppression. Nous n’essaierons point d’y trouver un principe arrêté ni un plan fixe, bien convaincus qu’il n’y en eut réellement aucun. Les causes générales de ces systèmes d’intolérance, qui chassèrent sans retour tant de Français industriels du sol de la patrie, se résument dans l’égoïsme superbe et si peu éclairé de Louis XIV, consigné sèchement dans les dépêches de son ministre Louvois écrivant cette instruction, le 5 novembre 1685, au duc de Noailles, commandant en Languedoc : « Sa Majesté désire que vous vous expliquiez fort durement contre ceux qui voudront être les derniers à professer une religion qui lui déplaît. » (Histoire de l’édit de Nantes, tom. iii, p. 868.) Ce caprice d’un despotisme théologique et peureux des peines de l’enfer fut la vraie cause de la révocation de l’édit de Nantes. Ainsi d’aussi minces motifs d’un souverain absolu viennent souvent bouleverser les peuples. Après un siècle environ de malheurs et de mécomptes, Montesquieu épuisait son génie à concevoir les contradictions flagrantes des lois de Louis XIV contre l’émi-