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histoire.

pouvoir être troublés ni empêchés, « à condition de ne point faire d’exercice, ni d’assemblées, sous prétexte de prières ou de culte de ladite religion » (Donné à Fontainebleau, au mois d’octobre 1685. Signé Letellier et Phélypeaux)[1]. Il fut pris, l’année suivante, une autre disposition, qui devint la source de ces enlèvements d’enfants, dont nous voyons des exemples constants jusque sous le règne de Louis XVI ; elle consista en un édit du roi qui ordonne que, huit jours après la publication, tous les enfants de ceux qui faisaient encore profession de la religion prétendue réformée, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à celui de seize, soient mis, à la diligence des procureurs-royaux, entre les mains de leurs parents catholiques, et à défaut de parents de cette religion, entre les mains de telles personnes catholiques, qui seront nommées par les juges (Édit de janv. 1686)[2]. Un peu plus tard, il fut publié une lettre du roi au lieutenant-général Ménars, intendant de la généralité de Paris, pour obliger les parents réformés à envoyer leurs enfants aux écoles et catéchismes, et à leur défaut,

  1. Il est assez curieux de remarquer, d’après les notes contemporaines d’un des plus véridiques courtisans de Versailles, que dans ces deux mois de septembre et d’octobre 1685, signalés par la révocation définitive de l’édit de Nantes, les villes dont on apprit la conversion entière à Louis XIV furent Montauban, Castres, Montpellier, Nîmes et Uzès ; après un siècle et demi, elles figurent encore parmi les villes du royaume où la population protestante est proportionnellement la plus forte. (Dangeau, Éd. Lemontey, p. 18-19).
  2. « Nous, nous avons sur nos enfants le pouvoir que nous donnent la nature, la société et la religion ; nous pouvons nous promettre pour eux et pour nous la protection des lois, tandis que nous respecterons ces lois et que nous leur apprendrons à les respecter ; mais nos compatriotes, quand ils sortent de leurs demeures pour quelques moments, ne savent pas s’ils y trouveront à leur retour ces chères parties d’eux-mêmes, ou si on les aura enlevées, enfermées dans des couvents ou jetées dans des cachots. » (Saurin, Sermon sur la cons. du temple de Voorburg.)