Page:Coral - Esquisse historique - Tahiti.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

sant, moins favorisé des dieux ; au contraire, un autre chef subalterne, nommé Otou, qui se fit appeler ensuite Pomaré, profitant habilement de la situation où se trouvait son district, placé près de l’endroit où les différents navires venaient mouiller, accablait de son amitié tous les navigateurs, et passait, aux yeux du peuple, pour l’ami et le préféré des blancs, dont on connaissait la puissance et dont on craignait le ressentiment. Usant d’habileté, de ruse et d’adresse, il arriva à se concilier la plupart des petits chefs de l’île, qui firent bientôt cause commune avec lui. Se sentant alors assez fort, il démasqua ses projets et se posa en roi absolu de toute l’île. Ses prétentions, appuyées par tous ses alliés et par les déserteurs d’un navire de guerre anglais, la « Bountry », le firent triompher, les armes à la main, de tous ses rivaux.

Maître de Tahiti, il fit reconnaître son fils comme souverain de l’île, sous sa régence toute-puissante (1791) ; puis, continuant ses conquêtes, il entreprit de soumettre les autres archipels qui composent les îles de la Société ; les îles Sous-le-Vent : Bora-Bora, Raiatea, Huahiné, se soumirent d’abord. Il songeait ensuite à conquérir les îles Pomotou, quand l’arrivée d’un navire anglais, le « Duff », vint changer le cours de ses idées. Ce navire amenait dans l’île les premiers missionnaires méthodistes (1797), envoyés par la Société des missions de Londres. Leur départ fut facilité par le gouvernement anglais, « qui voyait en eux des apôtres explorateurs, qui, tout en servant la cause de la civilisation au prix de dangers réels, de grandes privations, souvent aussi aux dépens de leur existence, devaient porter, partout où ils prendraient pied, le nom de leur