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ces aveugles qu’il avait pour les guerriers des îles Sous-le-Vent qui composaient presque exclusivement son armée. Toute l’île murmurait, et une cause en apparence futile alluma bientôt une terrible guerre civile. Un de ces guerriers des îles Sous-le-Vent prit de force une femme tahitienne. La révolte éclata de tous côtés, et, après plusieurs sanglants combats, Pomaré, vaincu, fut chassé de Tahiti et obligé de se réfugier dans l’île de Morea (île voisine de Tahiti), en 1809.

La défaite du roi fut fatale aux missionnaires : le parti vainqueur se tourna contre leur établissement, le détruisit et les obligea à se réfugier à bord d’un navire anglais, la « Persévérance », qui fit voile pour Port-Jackson. Un seul d’entre eux, M. Nott, rejoignit Pomaré à Morea.

Tahiti ne tarda pas à être livrée à l’anarchie la plus profonde : tous les chefs vainqueurs se disputaient l’héritage de Pomaré ; les désordres les plus grands eurent alors lieu, et des scènes de sauvagerie de toute sorte désolèrent l’île ; deux navires anglais, le « Queen-Charlotte » et le « Daphné », ayant abordé à Tahiti, les équipages furent impitoyablement massacrés, représailles exercées par les Tahitiens contre l’appui que les Anglais avaient toujours procuré à Pomaré.

Pendant que ces faits se passaient à Tahiti, le roi ne négligeait rien pour tâcher de ressaisir le pouvoir : il se rapprochait de M. Nott, et, se laissant instruire par lui, il paraissait disposé à vouloir embrasser le christianisme ; ses progrès furent même rapides de ce côté, et soit qu’il voulût donner à l’Angleterre, dans la personne de son missionnaire, un gage sérieux de son amitié, soit qu’il voulût se venger de ses anciens dieux qui l’avaient trahi et abandonné, il demanda à rece-