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le gouvernement tahitien s’empressait de les satisfaire en condamnant et en imposant de fortes amendes aux coupables, condamnations et amendes qui étaient remises dès que le vaisseau français partait. C’est ainsi que l’Astrolabe et la Zélée, commandant Dumont d’Urville (octobre. 1838), l’Héroïne, capitaine Cécille (décembre 1839), l’Artémise, commandant Laplace (avril 1839), le Pylade, capitaine Bernard (juillet 1840), reçurent tour à tour des réparations illusoires pour les justes réclamations dont ils se faisaient l’écho,

Pourtant ces visites incessantes, continuelles des navires français inquiétèrent Pritchard. Voulant à tout prix y mettre fin, il partit pour Londres, afin de réclamer lui-même l’annexion ou tout au moins la protection anglaise. Son voyage, très long, le fit débarquer en Angleterre dans un mauvais moment pour sa demande : il arriva au milieu des débats parlementaires occasionnés par le renversement du ministère tory par sir Robert Peel ; Pritchard fut à peine écouté et n’intéressa personne. Bref, il échoua complètement, et fut obligé de reprendre le chemin de Tahiti sans avoir rien obtenu.

Pendant son absence, le parti français à Tahiti s’accrut de nombreux chefs indigènes, que la crainte de Pritchard avait empêchés jusqu’à ce jour de se déclarer pour nous. Ces chefs tinrent une assemblée où ils résolurent de demander la protection de la France. Ils comprenaient facilement que, ballottés constamment entre l’Angleterre et la France. Leurs dissensions ne finiraient que du jour où l’une de ces puissances accepterait franchement la protection de l’archipel.