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tant aussitôt à la voile, la conduisit dans l’île de Raiatea (îles Sous-le-Vent).

Pritchard voulait ainsi soustraire complètement la reine à l’influence française. Nul doute qu’une fois dans cette île, n’ayant d’autres relations qu’avec lui, ne subissant d’autres visites que la sienne, il ne parvînt complètement à la diriger, au gré de sa volonté. C’était aussi donner par sa fuite un désaveu complet aux manœuvres du gouvernement provisoire et montrer à ses sujets qu’elle préférait l’exil à la domination française.

Dès les premiers jours de février, en effet, des rassemblements hostiles aux Français commencèrent à se former dans la presqu’île de Taïrabu ; les indigènes quittaient leurs cases, emportaient ce qu’ils avaient de plus précieux et venaient rejoindre les meneurs de ces rassemblements, qui allaient devenir les chefs de l’insurrection : c’étaient les nommés Taviri, Pitomaï, Teraï.

Le gouverneur de Tahiti, M. le capitaine de vaisseau Bruat, résolut d’arrêter ces troubles dès le début. Laissant le commandement de la ville de Papeete à M. d’Aubigny, capitaine de corvette, il partit sur le vapeur Phaéton et se dirigea vers la presqu’île de Taïrabu. Cette presqu’île, située au sud de Tahiti, est séparée de l’île par une langue de terre assez étroite, appelée isthme de Taravao. Arrivé à cet endroit, le gouverneur fit commencer un fortin afin de couper les communications entre l’île et cette presqu’île, dont les habitants, plus éloignés du chef-lieu, s’étaient toujours montrés beaucoup plus entreprenants et beaucoup plus indépendants.

Les travaux de ce fort commencèrent immédiate-