Page:Coral - Esquisse historique - Tahiti.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 59 —

que la troupe essaye d’enlever la position à la baïonnette, elle est repoussée et contrainte de reculer ; c’est en vain que le commandant de Bréa veut tenter un suprême effort à la tête des plus braves, il tombe percé de coups.

C’était folie de continuer la lutte devant ce retranchement inexpugnable : on n’avait déjà perdu que trop de monde, dont deux officiers, MM. de Bréa et Pérotte, élève de 1re  classe de la Marine ; le gouverneur le comprit et donna l’ordre de battre en retraite. Ce mouvement s’opéra en bon ordre et sans que l’ennemi osât nous poursuivre. L’entrée de la vallée fut fortement occupée, et pour en assurer le blocus de la façon la plus complète, le gouverneur y fit construire, comme à Papenoo, une redoute ; il ne quitta Punavia que lorsque cet ouvrage fut terminé.

Après ces deux combats de Papenoo et de Punavia, tout le littoral de l’île se trouva dégagé, et les insurgés furent contraints de se retirer dans le massif montai gneux du centre de l’île où, malgré les difficultés des crêtes et des passages escarpés, ils communiquaient entre eux par les sommets qui dominent la vallée de Fatahua. En un mot, ils occupaient le centre de l’île, et nous n’en possédions que la circonférence ; et si nous étions maîtres de l’entrée des vallées qui aboutissent à ce centre, ils en gardaient les flancs.

Ce n’était pas non plus par la famine qu’on pouvait espérer les réduire, car la montagne produisait en abondance une sorte de banane sauvage appelée feï, qui composait presque exclusivement la nourriture des indigènes. Et pourtant il fallait trouver un moyen de les déloger de leurs montagnes : c’étaient en effet des voisins fort incommodes pour nos établissements ;