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journellement ils sortaient de leurs vallées et venaient nous inquiéter et nous harceler. Arrivait-on en force pour les repousser, ils se retiraient immédiatement dans la montagne, pour revenir, quelques jours après, nous attaquer sur un autre point. Quelque dangereuse et aléatoire que fût l’entreprise, on devait se résoudre à aller les attaquer jusque dans leurs retraites.

Après de nombreuses études et reconnaissances préparatoires, le gouverneur résolut de tenter l’expédition, et l’ordre de marcher en avant allait être donné aux troupes, quand un indigène, nommé Maroto, se présenta au commandant Bruat ; cet homme connaissait mieux que personne la vallée de Fatahua, ses gorges, ses sentiers, ses moindres passages ; il y avait séjourné fort longtemps autrefois, alors que chasseur il poursuivait un oiseau appelé phaéton, dont le plumage très recherché servait de parure aux chefs tahitiens ; il promit au gouverneur de conduire une petite troupe de soldats par des passages à lui seul connus, jusque sur le plateau dominant le camp principal des insurgés. On crut d’abord à une trahison ou à une embuscade ; mais, après l’avoir interrogé plusieurs fois, on finit par avoir confiance dans ses promesses, et on organisa l’expédition, d’après les dispositions suivantes : les troupes, placées sous le commandement de M. Bonnard, étaient divisées en deux colonnes : la première, sous les ordres de M. Brue, lieutenant de vaisseau, comprenait l’artillerie et la compagnie de débarquement de l’Uranie ; la deuxième, avec le capitaine Masset, était composée des voltigeurs et de la 31me compagnie du 1er régiment d’infanterie de marine.