Page:Corbière - Le Négrier.djvu/159

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les pousse ou les menace, selon que la brise les favorise ou les contrarie.

Je ne pourrais bien dire ici l’impression que la vue de ces phares étincelans que nous quittions, avait produite sur moi. Ces tours à feu, allumées sur un bout de terre au milieu des vagues, pour guider pendant la nuit les navires battus par les vents et les flots, me remplissaient l’âme de quelque chose de poétique et de sublime, que je ne saurais bien exprimer. Il faut avoir navigué pour sentir certaines émotions dont on se doute à peine à terre, où les objets sont si différens de toutes les choses au milieu desquelles existent les marins. Tous nous savions que les feux que