Page:Corbière - Le Négrier.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je me ferai tuer s’il le faut, monsieur le préfet, et voilà tout. »

Mon air déterminé et mes brusques reparties parurent enchanter l’autorité, et, avant de quitter l’hôtel de la préfecture maritime, le préfet lui-même voulut attacher à la boutonnière de ma petite veste de corsaire le ruban de la Légion-d’Honneur. Je ne saurais dire l’émotion que moi, encore enfant, j’éprouvai en recevant cette marque éclatante, que je ne croyais réservée qu’à ces grandes actions dont je n’avais encore qu’une idée confuse. Mon père, suffoqué d’attendrissement, ne pouvait plus parler. En descendant de l’hôtel avec mon cordon rouge, je retrouvai mon frère,