Page:Corbière - Le Négrier.djvu/250

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Je ne pouvais plus trouver de repos dans ma famille depuis que je n’avais plus rien à faire. L’aspect de cette rade, sur laquelle se balançaient les navires que je voyais entrer ou sortir du port, jetait dans mon esprit un trouble, une mélancolie, que je ne m’expliquais que par l’impossibilité où je me trouvais d’occuper ma tête, mes bras, ma vie enfin sur ces flots où je m’étais déjà entrouvert une carrière. Mon frère, toujours studieux, sage et attaché à ses devoirs, voulait en vain m’apprendre ce qui pouvait m’être encore nécessaire comme marin : je ne pensais qu’à naviguer, et mes parens se décidèrent enfin à me laisser courir encore une fois les chan-