Page:Corbière - Le Négrier.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Tu ne sais pas de quel poids tu soulages mon cœur, me dit-elle : j’avais besoin de te confier aussi ce que j’éprouve depuis quelque temps, et je n’osais pas commencer. Oui, je sens bien que, malgré la mauvaise opinion que j’ai pu te donner de moi, je ne suis pas née pour vivre avilie. Je t’aime cent fois plus que je ne saurais le dire ; mon plus grand bonheur serait de pouvoir te posséder comme mon amant, pendant un jour, un instant, et de renoncer ensuite, s’il le fallait, à tout, au monde, à mon avenir, à la vie ; mais tu es un enfant, mais j’ai quelques années de plus que toi, et je connais, mieux que tu ne peux le faire encore, la conséquence