Page:Corbière - Le Négrier.djvu/435

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une livre de pain, pas un seul verre d’eau, sans voiles, sans compas, sans cartes, nous nous sentons vivre cependant avec bonheur. La terre du pays semblait être devant nous, et cette mer, qui pouvait nous engloutir à chaque lame, nous paraissait être d’accord avec notre destin, pour nous conduire, sans danger, vers le fortuné pays où nous étions nés.

Que d’idées plaisantes, de mots heureux, d’expédiens ingénieux, on trouve lorsqu’on échappe adroitement à une odieuse captivité ! Un aviron placé dans l’emplanture destinée au mât de misaine, devait nous servir de mât. Pour faire la voile, Ivon envergua la robe qui avait favorisé ma fuite, sur